Qu’implique pour la Suisse la décision de sortir du nucléaire ?

La décision de sortir du nucléaire implique de mettre nos centrales nucléaires hors service à la fin de leur période d’exploitation, sans les remplacer par de nouvelles. Par conséquent, nous devrons combler, d’une manière ou d’une autre, le déficit de production d’électricité qui en résultera.

En mai 2011, suite à l’accident nucléaire de Fukushima, le Conseil fédéral a annoncé sa volonté de renoncer à l’énergie nucléaire en Suisse. Peu après, en juin, cette volonté a été confirmée par le Conseil national, puis entérinée en septembre de la même année par le Conseil des États. Concrètement, cette décision historique de sortie du nucléaire implique deux choses. D’une part, les cinq réacteurs nucléaires actuellement en service seront définitivement arrêtés à la fin de leur autorisation d’exploitation actuelle [→ Q16]. La première mise en arrêt définitif a eu lieu le 20 décembre 2019, avec l’arrêt de l’exploitation de la centrale de Mühleberg (BE). D’autre part, les demandes d’autorisation pour la construction de trois nouvelles centrales se trouvent définitivement enterrées. Par conséquent, aucune nouvelle centrale nucléaire ne devrait voir le jour en Suisse.

L’arrêt de nos centrales nucléaires va se traduire par un déficit important dans notre production nationale d’électricité. Sur la période 2011-2018, les centrales nucléaires produisaient entre 19 TWh et 26 TWh électriques, ce qui correspond à environ 31-40% de notre production nationale et 33-45% de notre consommation. Ceci dans un contexte ou la Suisse, depuis 2005, est déjà devenue dépendante des importations d’électricité sur certaines années, avec un solde importateur atteignant 6 TWh [→ Q11].

Il ne serait pas réaliste d’imaginer rationaliser notre consommation au point de nous passer purement et simplement de ces 19-26 TWh sans impacts sur notre qualité de vie. Au contraire, selon les différentes prévisions basées sur le système énergétique actuel, notre consommation électrique devrait au mieux rester stable, au pire augmenter de 30 % d’ici 2050 [→ Q87]. Cette tendance rend évidemment plus critique encore le défi de la sortie du nucléaire.

Nous devrons donc compenser le déficit en approvisionnement électrique par l’une, ou une combinaison, des quatre options suivantes :

  • faire « plus avec moins » selon le principe de l’efficacité énergétique, c’est-à-dire offrir les mêmes services avec moins d’énergie (notamment moins d’électricité) [→ Q44] ;
  • accroître notre production électrique indigène, par des technologies autres que le nucléaire, en particulier les énergies renouvelables ;
  • modifier nos habitudes, afin de stabiliser, voire de réduire, notre consommation d’électricité selon le principe de la sobriété énergétique [→ Q99] ;
  • augmenter nos importations d’électricité, si cette option reste possible à l’avenir.

Références

lematin.ch (2019)
(). L’arrêt de Mühleberg est sur la bonne voie. Le Matin. Consulté à l'adresse www.lematin.ch/suisse/arret-muehleberg-bonne/story/25440857
Office fédéral de l'énergie (OFEN) (2018)
(). Statistique suisse de l’électricité 2018. OFEN.
Office fédéral de l'énergie (OFEN) (2013)
(). Perspectives énergétiques 2050.
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