Quels risques prenons-nous à ne pas agir suffisamment vite ?

Plus nous tardons à nous décider sur la voie à suivre, moins les options à disposition seront nombreuses, et plus le coût global de la transition risque d’être élevé. Les systèmes énergétiques présentent de manière générale une grande inertie, et les différentes options possibles ne peuvent pas toutes être réalisées au même rythme. Certaines demanderont plus de temps que d’autres.

La mise en œuvre des mesures d’efficacité énergétique nécessite des temps relativement longs, car elle dépend des taux de remplacement de nos équipements consommateurs d’énergie : appareils électriques (5-10 ans), voitures (12 ans), systèmes de chauffage (20 ans) ou rénovation de nos bâtiments (30-50 ans).

La diffusion à grande échelle des technologies exploitant les énergies renouvelables prendra également du temps, de l’ordre de 20 à 30 ans en Suisse. Pour exploiter pleinement le potentiel des énergies renouvelables, il faudra installer des centaines de milliers de systèmes, qui devront obtenir des autorisations administratives et parfois passer par des procédures juridiques.

L’exploitation de l’énergie solaire (thermique et photovoltaïque) pourrait aller relativement vite. La situation s’annonce plus difficile pour l’éolien et la petite hydraulique, du fait des éventuelles procédures d’opposition [→ Q48].

Quant au réseau électrique, il devra évoluer et s’adapter à la multiplication des nouvelles sources décentralisées d’énergie [→ Q67]. Enfin, l’un des enjeux les plus cruciaux pour le développement des énergies renouvelables concerne la mise au point de nouvelles solutions pour le stockage de l’électricité.

Par contre, les centrales électriques alimentées au gaz pourraient voir le jour dans des délais beaucoup plus courts, de l’ordre de 2 à 3 ans pour chaque centrale. En outre, il est possible d’accroître les importations à tout moment en s’approvisionnant sur le marché européen de l’électricité. Cette option présente l’avantage de ne nécessiter aucun développement de nouvelles infrastructures spécifiques, ni centrale, ni aménagement du réseau électrique, hormis un renforcement des lignes de transports aux frontières.

Les délais de mise en œuvre de ces différentes options diffèrent donc largement et restent en partie incertains. En revanche, les échéances de notre transition énergétique sont connues : arrêt de nos centrales nucléaires échelonné dès 2019, engagement ambitieux de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre pour 2020. En parallèle, nos contrats d’importation d’électricité avec la France arrivent à terme entre 2018 et 2035. Le temps est donc compté.

Or, plus nous temporisons, moins les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique pourront contribuer à la transition, étant donné le rythme lent de leur mise en œuvre. Autrement dit, plus nous tardons à développer ces solutions, plus nous serons contraints de recourir aux centrales à gaz et aux importations pour notre approvisionnement en électricité.

Des décisions tardives pourraient également se traduire par des coûts plus élevés. Par exemple, si les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique se développaient trop lentement faute de volonté politique, nous pourrions multiplier la construction de centrales à gaz. Mais la rentabilité de ces centrales pourrait se voir fortement compromise, car elles seront de moins en moins utilisées avec le développement, tôt ou tard, des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.

Finalement, la facture totale de la transition énergétique devrait s’élever à 0,9 % de notre PIB. Mais le coût des impacts du réchauffement climatique pourrait s’avérer bien plus élevé. L’Union européenne l’estime à 1,8 % de son PIB (à l’horizon 2100), chiffre qui ne devrait a priori pas différer significativement pour la Suisse. Le coût de l’inaction est donc potentiellement deux fois plus élevé que celui de l’action.

Références

Office fédéral de l'énergie (OFEN) (2013)
(). Perspectives énergétiques 2050.
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