Pourquoi notre mix énergétique comporte-t-il deux tiers de produits fossiles ?

Le fait que près de deux tiers de nos besoins en énergie finale (63% en 2017) de nos besoins en énergie sont aujourd’hui satisfaits par des produits fossiles importés de l’étranger résulte d’une part de leur grande disponibilité et de leurs avantages autant techniques qu’économiques, et d’autre part de l’inertie de notre système énergétique qui n’a pas la capacité d’évoluer rapidement vers des solutions alternatives.

Entre 1950 et 1970, la Suisse a quasiment quadruplé sa demande énergétique finale, conséquence d’une forte croissance économique et démographique. Cet accroissement a été couvert quasi exclusivement par des produits pétroliers (essence, diesel et mazout). Il en est résulté une forte dépendance à l’égard du pétrole, qui a culminé au début des années 1970, lorsque 80 % de nos besoins énergétiques étaient couverts par des produits pétroliers.

Depuis lors, tandis que la demande en énergie finale a continué de croître, passant de 190 TWh en 1973 à quelque 230 TWh aujourd’hui [→ voir figure ci-dessous], les importations de produits pétroliers sont restées stables autour de 130 TWh puis ont diminué ces dernières années à environ 120 TWh, réduisant ainsi notre dépendance aux hydrocarbures (produits pétroliers et gaz naturel) de 80 % à près de 60 %. Ceci résulte d’une part de la réduction des besoins de chaleur des bâtiments neufs (mieux isolés), et d’autre part de l’amélioration des chaudières à mazout ou de leur remplacement essentiellement par des chaudières à gaz et du chauffage électrique. Aujourd’hui, ce sont ces mêmes chauffages électriques qui sont fortement contestés [→ Q26], alors que les autorités en avaient fait la promotion afin d’accroître la sécurité d’approvisionnement suite aux chocs pétroliers de 1973 et de 1979.

La consommation d’essence, de diesel et de gaz naturel (pour le transport routier) et de kérosène (pour l’aviation) n’a cessé d’augmenter jusqu’en 2010, en l’absence d’alternative aux carburants fossiles pour répondre à la demande croissante de mobilité. L’amélioration constante de l’efficacité énergétique des véhicules routiers a cependant permis de limiter cette hausse de la consommation de carburants à environ 12 % sur cette période tandis que le parc des véhicules augmentait de plus de 40 %.

En dehors de l’électricité, notre système énergétique est donc profondément basé sur des agents fossiles que ce soit pour le chauffage (mazout et gaz naturel) ou le transport (essence, diesel, et dans une moindre mesure le gaz). La Suisse importe même environ 10 millions de tonnes de pétrole brut et produits pétroliers finis par an. Environ 5 millions de tonnes de pétrole brut chaque année par oléoduc, qu’elle transforme en produits finis (essence, diesel et mazout) dans les raffineries de Collombey (canton du Valais) et de Cressier (canton de Neuchâtel), et importe le solde de sa consommation directement sous forme de produits pétroliers finis [→ Q21].

Ce n’est que dans les années 2000 que les nouvelles énergies renouvelables ont réellement commencé à remplacer les agents fossiles. Leur exploitation se fait néanmoins encore à trop petite échelle pour qu’elles puissent jouer un rôle significatif dans le mix énergétique actuel [→ Q47].

Références

Office fédéral de l'énergie (OFEN) (2019)
(). Statistique globale de l’énergie 2018. OFEN.
Office fédéral de la statistique (OFS) (2019)
(). Energie: Panorama. OFS.
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