Pourquoi le programme de soutien à la micro-hydraulique est-il remis en cause ?

La Confédération a estimé que le coût économique et le risque écologique lié à la multiplication des très petites centrales hydrauliques (micro-hydraulique) étaient trop élevés, en regard du potentiel résiduel de production électrique que cette technologie pouvait apporter.

Dans la révision des tarifs du programme de rétribution à prix coûtant (RPC) entrée en vigueur en janvier 2014 [→ Q79], la Confédération a opté pour une baisse significative des subventions aux installations de micro-hydraulique sur des cours d’eaux. Par micro-hydraulique, on entend les centrales hydroélectriques dont la puissance est inférieure à 300 kW.

La Suisse compte aujourd’hui moins d’un millier de micro-centrales hydrauliques en exploitation sur des rivières, qui produisent environ 0,5 TWh d’électricité, soit moins de 1 % de notre consommation. La micro-hydraulique est donc une technologie qui a fait ses preuves depuis longtemps. En conséquence, la baisse des subsides ne découle pas d’une baisse des coûts résultant d’une maturité technique et commerciale, comme c’est le cas, par exemple, avec le solaire photovoltaïque (les subsides baissent, au fur et à mesure que les prix de revient diminuent). En l’occurrence, la baisse de ces subventions résulte bien d’une volonté politique de la Confédération de limiter le développement des micro-centrales hydroélectriques sur les cours d’eau.

La micro-hydraulique en rivière fait face aujourd’hui à deux difficultés. D’une part ses coûts de production sont, de manière générale, plus élevés que ceux de la petite hydraulique [→ Q64]. La Confédération préfère par conséquent allouer les aides de la RPC en priorité aux technologies les moins coûteuses comme la petite hydraulique d’une puissance supérieure à 1 MW, afin de maximiser le nombre de kWh électrique produit par franc investi.

D’autre part, les ouvrages de micro-hydrauliques pourraient engendrer, selon leurs détracteurs, des impacts écologiques importants sur la faune aquatique et sur les biotopes associés aux cours d’eau. À l’instar de l’éolien, la force hydraulique est une énergie renouvelable controversée à cause de son impact potentiel sur l’environnement. Partisans de cette technologie et associations de défense de l’environnement restent cependant souvent en désaccord sur la nature et l’ampleur de ces impacts.

L’un dans l’autre, la Confédération a finalement jugé que le risque écologique potentiel était trop élevé en regard de la contribution que la micro-hydraulique sur cours d’eau pouvait apporter à notre mix électrique. Cette vision n’est pas partagée par les promoteurs de cette technologie. Par contre, les subsides pour la micro-hydraulique ont été augmentés pour les centrales dites « accessoires » ou « multi-usage », c’est-à-dire celles intégrées dans des infrastructures existantes comme des réseaux d’eau potable ou d’eaux usées, car elles ne présentent pour ainsi dire aucun impact environnemental additionnel négatif [→ Q57].

Références

Association des Usiners Romands (ISKB/ADUR) (2014)
(). 10 bonnes raisons d’opter pour les petites centrales hydrauliques - Quelques faits concernant les centrales hydrauliques de 300 kW.
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