Pourquoi exporter l’électricité que nous produisons et importer celle que nous consommons ?

La Suisse exporte une bonne partie de sa production d’électricité pour des raisons essentiellement commerciales. Elle tire ainsi profit de la flexibilité opérationnelle de ses centrales hydroélectriques à accumulation (barrages). Ces installations peuvent être mises en service très rapidement, ce qui les rend essentielles pour faire face à la variation de la consommation suisse pendant la journée, mais ce qui permet également de produire et d’exporter du courant au moment où la demande est la plus forte, et donc lorsque les prix sont les plus élevés.

En guise d’illustration, considérons l’année 2018. Cette année-là, la Suisse a produit 63,6 TWh d’électricité et en a consommé 62,0. Sur la seule base de ce bilan annuel, on pourrait penser que la Suisse est autarcique en électricité, et qu’elle exporte 1,6 TWh pour combler la différence entre sa production nationale et sa consommation. La réalité est fort différente [→ voir figure ci-dessous]. En fait, la Suisse a importé 31 TWh en 2018, ce qui en fait le 5e plus gros importateur d’électricité au monde. En fait, la Suisse a importé 31 TWh en 2018 et entre 29 TWh et 36 TWh par an sur les dix dernières années, ce qui en fait le 5e plus gros importateur d’électricité au monde. Étonnant, pour un pays de cette taille… Trois explications à cela.

Premièrement, le bilan annuel ne permet pas de tirer des conclusions pertinentes sur le niveau d’indépendance électrique. En réalité, sur les dix dernières années, la Suisse a présenté un surplus de production de 1,8 à 7,3 TWh pendant les mois d’été, et un déficit de 0,6 à 9,8 TWh durant les mois d’hiver [→ Q11], et le déficit hivernal doit être compensé par des importations.

Deuxièmement, grâce à ses ouvrages de pompage-turbinage [→ Q15].

Troisièmement, de par sa situation géographique au cœur de l’Europe, la Suisse sert de voie de transit pour le trafic électrique transeuropéen, notamment vers l’Italie. Quelque 10 % du courant européen transitent par la Suisse.

On voit donc que c’est essentiellement une logique économique qui se trouve à l’œuvre derrière les flux d’importation et d’exportation d’électricité en Suisse.

Références

International Energy Agency (IEA) (2018)
(). Key world energy statistics 2018. OECD Publishing.
Office fédéral de l'énergie (OFEN) (2018)
(). Statistique suisse de l’électricité 2018. OFEN.
Office fédéral de l'énergie (OFEN) (2019)
(). Statistique globale de l’énergie 2018. OFEN.
Office fédéral de l'énergie (OFEN) (2019)
(). Statistique des aménagements hydroélectriques. [Online]. Available at: www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-71338.html.
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