Notre indépendance énergétique va-t-elle se dégrader avec la sortie du nucléaire ?

Non, pas forcément. L’indépendance énergétique de la Suisse devrait même s’améliorer avec la sortie du nucléaire, puisque nous importons la totalité des barres d’uranium enrichi consommées dans nos centrales nucléaires. D’autant qu’une part significative de notre production d’électricité nucléaire sera a priori remplacée par des mesures d’efficacité énergétique permettant d’abaisser notre consommation, et par des énergies renouvelables disponibles localement. Par contre, notre sécurité d’approvisionnement pourrait baisser.

La sortie du nucléaire aura plutôt tendance à renforcer notre autonomie énergétique, en mettant fin à nos importations de combustible nucléaire. Au pire, notre niveau d’indépendance énergétique restera inchangé si nous décidons de remplacer la production de toutes nos centrales nucléaires soit par des importations d’électricité des pays voisins, soit par des importations de gaz naturel destinées à alimenter d’éventuelles centrales à gaz. Mais dans ces deux cas de figure, notre sécurité d’approvisionnement se dégraderait.

La filière nucléaire présente en effet l’avantage d’offrir une relativement bonne sécurité d’approvisionnement, certainement meilleure que celle des importations de courant ou de gaz naturel [→ Q21]. Tout d’abord, le minerai d’uranium provient de plusieurs pays, assurant une diversification des sources d’approvisionnement. Ensuite et surtout, le combustible nucléaire présente une très haute densité énergétique : ceci permet de constituer en Suisse des stocks pour plusieurs années de consommation, puisque le volume de stockage requis est restreint. Une centrale de la taille de Mühleberg consomme environ un demi-mètre cube de barres d’uranium enrichi chaque année (ce qui correspond au volume d’un coffre de voiture).

Il serait imaginable que la Suisse choisisse d’accroître à la fois son indépendance énergétique et sa sécurité d’approvisionnement en exploitant ses propres ressources en gaz. Elle ne dispose guère de réserves de gaz naturel conventionnel, mais a récemment découvert plusieurs gisements de gaz non conventionnels (gaz de schiste et gaz compact), notamment sous le lac Léman, et dans les cantons de Neuchâtel et Saint-Gall. Ce dernier envisage d’ailleurs d’exploiter un forage destiné à l’origine à la géothermie profonde [→ Q62]. La contribution de ces ressources à notre indépendance énergétique semble donc peu probable à l’horizon de la mise à l’arrêt de nos premières centrales nucléaires.

La Suisse consent par contre des efforts considérables en faveur des énergies renouvelables et des solutions d’efficacité énergétique. Par conséquent, une part a priori significative de la production de nos centrales nucléaires sera remplacée par des solutions basées sur des ressources disponibles localement. Notre niveau d’indépendance énergétique devrait donc augmenter avec l’arrêt de nos centrales nucléaires. L’impact sur notre sécurité d’approvisionnement est par contre plus incertain.

Références

Groupe de travail interdépartemental "Fracturation hydraulique en Suisse" (2017)
(). Fracturation hydraulique en Suisse - Rapport de base du groupe de travail interdépartemental concernant le postulat Trede 13.3108 du 19 mars 2013. Office fédéral de l'environnement (OFEV).
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