La Suisse est-elle un bon élève en termes d’exploitation des énergies renouvelables ?

En comparaison avec les autres pays industrialisés, la Suisse occupe une bonne position si l’on considère toutes les énergies renouvelables. Mais elle est mal placée, si l’on ne considère que les nouvelles énergies renouvelables.

La proportion de renouvelables dans le mix énergétique suisse est d’environ 22 % en 2017. Elle fait ainsi partie des pays industrialisés ayant le plus recours à ces énergies, ce qui la place au même niveau que la Lituanie, mais néanmoins loin derrière les leaders que sont les pays nordiques, la Suède dépassant les 50% et la Finlande les 40% dès 2017. S’agissant de la production d’électricité uniquement, grâce à la part importante de l’hydroélectrique (55%), la Suisse se classe dans les leaders, avec l’Islande (100 %), la Norvège (98 %), la Suède (58 %) et la Finlande (44 %) [→ voir figure ci-dessous].

Par contre, s’agissant des nouvelles énergies renouvelables [→ Q46], la Suisse apparaît beaucoup moins bien placée en comparaison internationale. L’électricité en fournit un exemple particulièrement frappant. En 2018, la Suisse ne produisait encore que 6,1 % de son électricité, bien que cette proportion augmente d’année en année, à partir de sources renouvelables autres que l’hydraulique : 0,2 % pour l’éolien, 3,1 % pour le solaire photovoltaïque, 2% de la part renouvelable des déchets et 0.9% des dérivés de la biomasse. Avec ce 6,1 %, elle se retrouve en queue de peloton des pays industrialisés, car en 2012 la moyenne européenne pour la proportion de nouvelles énergies renouvelables s’élevait à 12 %.

L’exploitation de la chaleur présente naturellement dans l’environnement est l’exception qui confirme la règle. Avec plus de 300 000 pompes à chaleur en service sur son territoire en 2018, la Suisse fait figure de pionnière depuis les années 1960 dans l’utilisation de cette technologie (de même que la Suède, l’Allemagne, l’Autriche et les États-Unis). Toutefois, la contribution des pompes à chaleur à notre mix énergétique reste inférieure à 3 % (6,5 TWh).

Globalement, la Suisse donne l’impression de s’être un peu reposée sur les lauriers de l’hydroélectricité. Elle n’a commencé que tardivement et timidement à développer les nouvelles énergies renouvelables. Aujourd’hui, le taux d’adoption de ces énergies reste faible en comparaison internationale, à l’exception du solaire qui est dans la moyenne européenne et dont l’essor devrait être important dans les années à venir. Les très nombreux recours déposés contre les projets éoliens et de petite hydraulique continuent de freiner le développement de ces énergies.