Comment se chauffe-t-on aujourd’hui en Suisse ?

En Suisse, le chauffage des bâtiments est assuré aujourd’hui à plus de 78 % par des chaudières, alimentées au mazout, au gaz ou au bois. Les 22 % restants proviennent de radiateurs électriques, de pompes à chaleur fonctionnant à l’électricité, et de réseaux de chauffage urbains (chauffage à distance).

Les Suisses dépendent à environ 67% des hydrocarbures importés pour se chauffer : mazout (39 %) et gaz naturel (28 %) [→ voir figure ci-dessous]. Cette dépendance tend, en général, à diminuer: la part du mazout s’est réduite de 61% en 2000 à 51% en 2010 et 39% en 2018, et celle du gaz naturel a augmenté de 19% en 2000 à 24% en 2010 et 28% en 2018. La part d’énergie renouvelable pour le chauffage est de l’ordre de 32 % : cela comprend principalement la portion renouvelable de l’électricité consommée par les chauffages électriques à résistance et les pompes à chaleur (8%), la biomasse (12%), et la chaleur de l’environnement valorisée par les pompes à chaleur et le solaire (7%). Depuis quelques années, les pompes à chaleur et les fourneaux à pellets de bois gagnent du terrain pour les chauffages individuels, principalement au détriment des chaudières à mazout [→ Q25].

Les chauffages individuels et les chauffages centraux pour les immeubles constituent la quasi-totalité (94 %) des systèmes utilisés en Suisse. Les réseaux de chauffage à distance assurent un peu moins de 6 % de nos besoins, mais connaissent un fort développement. Ils consistent en une centrale de chauffe, avec deux tuyaux (aller et retour) pour distribuer la chaleur par le biais d’un fluide (eau, vapeur) à tout un quartier. Cette configuration permet a priori un meilleur contrôle des opérations et des émissions de polluants que les chaudières individuelles, mais nécessite d’avoir des besoins de chauffage suffisamment importants et géographiquement proches pour être économiquement viable [→ Q45].

En Suisse, différentes sources de chaleur sont valorisées pour alimenter nos réseaux de chauffage à distance : chaudières à gaz ou à bois, forages géothermiques de moyenne profondeur, incinérateurs d’ordures ménagères (avec ou sans cogénération d’électricité), rejets thermiques, centrales nucléaires, etc. Les réseaux de chauffage à distance peuvent aussi être alimentés par des pompes à chaleur valorisant une partie de l’énergie présente naturellement dans l’environnement, par exemple dans l’eau d’un lac, ou en récupérant de la chaleur rejetée, par exemple de stations d’épuration des eaux.

Les fumées sortant des chaudières contiennent de la vapeur d’eau formée pendant la combustion. Si l’on refroidit cette vapeur d’eau, elle se condense (redevient liquide) en libérant une quantité de chaleur que l’on peut récupérer pour le chauffage, plutôt que de la laisser se perdre avec les fumées. C’est le principe des chaudières modernes dites « à condensation » qui présentent une efficacité énergétique améliorée de 3 à 8 % par rapport aux chaudières classiques, et qui sont de plus en plus répandues. Les meilleurs rendements sont obtenus par les systèmes de chauffage au sol, car ils fonctionnent à des températures de distribution plus basses, ce qui favorise le processus de condensation.

D’une manière générale, la tendance dominante vise à réduire les besoins de chauffage en améliorant l’isolation des bâtiments et en utilisant mieux le rayonnement solaire entrant par les fenêtres. Entre 1970 et 2014, les besoins de chauffage des bâtiments neufs ont été réduits d’un facteur 5, passant de 210 kWh à environ 42 kWh d’énergie finale par mètre carré de plancher chauffé. Un bâtiment très bien conçu n’a quasiment plus besoin de chauffage [→ Q29].

Références

Jochem, Rudolf von Rohr & others (2004)
, & (). Steps towards a sustainable development: A white book for R&D of energy-efficient technologies. Novatlantis.
Kemmler, Spillmann & Koziel (2018)
, & (). Ex-post-analyse des schweizerischen energieverbrauchs 2000-2017 nach bestimmungsfaktoren. Office fédéral de l'énergie (OFEN).
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