Comment améliorer notre parc de véhicules, l’un des plus énergivores d’Europe ?

Trois solutions complémentaires peuvent réduire la consommation énergétique de notre parc de véhicules (tout en diminuant les émissions de CO2) : favoriser des véhicules à faible consommation, diminuer le nombre total de kilomètres parcourus, et améliorer la manière de conduire (éco-conduite).

Par rapport aux véhicules traditionnels à essence, les véhicules hybrides, électriques et à pile à combustible offrent des rendements énergétiques meilleurs, à catégories et utilisations comparables [→ Q35]. En outre, si l’électricité et le carburant utilisés dans ces véhicules est, même partiellement, d’origine renouvelable, cela permet de faire chuter les émissions de CO2. Quant aux véhicules diesel, leur rendement énergétique dépasse de 10 % celui des véhicules à essence dans des conditions optimales de fonctionnement. Naturellement, les véhicules neufs ont également un meilleur rendement que les anciens modèles.

Cela dit, le type de motorisation ne fait pas tout. Le parc automobile suisse figure parmi les plus énergivores d’Europe, avec une consommation d’essence moyenne des véhicules neufs de 6,08 litres pour 100 km en 2018… et ce, malgré une baisse considérable de 30 % de la consommation des véhicules depuis 1996. Il dispose pourtant d’une forte proportion de nouveaux véhicules, équipés de moteurs avec d’excellents rendements énergétiques. Mais cet atout est contrecarré par le fait que les automobilistes suisses sont « sur-motorisés ». Ils ont un faible pour les 4x4, SUV et autres grosses cylindrées. L’Autriche, avec une topographie et un niveau socio-économique similaires, présente une cylindrée moyenne inférieure de 12 % à celle du parc automobile suisse (1676 cm3 contre 1900 cm3).

Favoriser les plus petites cylindrées et renoncer aux modèles énergivores permettraient de réduire de manière significative la consommation de carburant. Le choix ne manque pas, avec près de 1400 modèles importés en Suisse consommant moins de 5 litres aux 100 km, dont environ 300 moins de 4 litres ! Finalement, une manière de conduire plus écologique (éco-conduite) peut réduire la consommation d’environ 10 % par rapport à une conduite standard. De plus, un léger sur-gonflage des pneus apporte un gain additionnel proche de 0,3 litre par 100 kilomètres sans compromettre la sécurité. D’autres mesures simples peuvent encore réduire la consommation de carburant : ne pas rouler avec des pneus d’hiver en été, éviter les porte-skis et porte-vélos, etc.

Deux options peuvent par ailleurs faire diminuer les émissions de CO2, bien qu’elles n’améliorent pas le rendement énergétique : primo, remplacer les véhicules à essence ou diesel par des véhicules au gaz naturel, ce qui permet d’abaisser les émissions par véhicules d’environ 22 %. On compte déjà plus de 13 500 véhicules à gaz sur les routes suisses, soit 0,2 % de notre parc de voitures. Leur nombre ne cesse d’augmenter, notamment parce que rouler au gaz coûte nettement moins cher que de rouler à l’essence, puisque le gaz naturel est partiellement exempté de la taxe sur les huiles minérales à laquelle sont soumis tous les carburants fossiles. Le gaz naturel à la pompe revient en effet entre 30 % et 50 % moins cher que l’essence (à contenu énergétique équivalent) ce qui a tôt fait de compenser le surcoût de 10 % à d’achat du véhicule, différentiel qui a de toute manière tendance à s’estomper.

Secundo, accroître la teneur en biocarburants (bioéthanol, biodiesel, etc.) dans les carburants liquides traditionnels ou dans le gaz naturel (biogaz). La durabilité sociale et environnementale de tels biocarburants devra être garantie, pour éviter autant que possible des impacts négatifs, notamment lors de leur production. Les biocarburants dits « de première génération » (dérivés de produits agricoles) se verront ainsi progressivement écartés, au profit de nouvelles générations (basées sur des micro-algues, des résidus agricoles ou de bois, etc.), qui présentent un meilleur bilan social et environnemental, tout en offrant un potentiel nettement supérieur de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Références

LITRA (Service d'information pour les transports publics) (2019)
(). Les transports en chiffre - Edition 2019.
Office fédéral de l'énergie (OFEN) (2018)
(). En 2017, la consommation des nouvelles voitures de tourisme était de 5,87 litres aux 100 kilomètres. [Online]. Available at www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-71338.html.
Vuille & Montemurro (2011)
& (). Essor de la voiture électrique en Suisse - impact, forces et faiblesses de l’électromobilité. Bulletin AES - Branche Mobilité Electrique, 102(2). 8.
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